Les Pennes-Mirabeau : une ville au pluriel

Patrimoine

Chronique provençale

Chronique d'avril

Faguère un pantai…

Faguère un pantai… Lou Felibre me venié vèire ! Me diguè : «Parles la Lengo Nostro, tu ? Sabes qu’es lou parla d’aqui ? Que se fasèn rèn vai s’esvali ? Vuei, siés panca tant vièi, mai se vos poudé charra emé tis aujòu quand, mai tard, vas li retrouba dins li nive dóu cèu, te faudrié retourna l’aprendre à l’escolo… Em'acò, aro, aqueste parla d’aqui t’ajudarié à coumprendre lou francès, d’ounte si mot vènon, l’istòri d’aquéli mot, ço que volon dire. Pèr eisèmple, tu, lou sabiés que "cerf volant" es uno autro causo que de cèrvi que voularien ? Que sarié uno estroupiaduro de serp voulanto ? Que li proumié que se veguèron en Europo, venènt de Chino, vers lou siècle dougen, semblavon de serp que viróutejavon dins lou cèu ! Emai t’ajudarié tambèn pèr coumprendre li noum de liò : pèr li gènt de la mar d’eici, un friéu es un passage entre dous roucas, dos ilo, e es bessai pèr acò que lis ilo  dóu “Frioul” à Marsiho se dison ansin.»

E lou Felibre me parlè encaro long-tèms, long-tèms, me disènt forço causo interessanto, pièi, quouro s’acabavo moun pantai, apoundeguè : «E subre-tout, óublides jamai : qu tèn la clau de sa lengo, tèn la clau de sa liberta !…»

Bernard Granier - Escolo Espencenco de Lengo Prouvençalo

Traduction

J’ai eu un songe…

J’ai eu un songe… Le Félibre me rendait visite ! Il me dit : «Tu parles le Provençal, toi ? Tu sais que c’est le langage d’ici ? Que si on ne fait rien il va disparaître ? Aujourd’hui, tu n’es pas encore trop avancé en âge, mais si tu veux pouvoir bavarder avec tes aïeux quand, plus tard, tu vas les retrouver dans les nuées du ciel, il te faudrait retourner l’apprendre à l’école… En plus, présentement, ce parler local t’aiderait à comprendre le Français, d’où viennent ses mots, leur histoire, ce qu’ils signifient. Par exemple, toi, tu le savais que cerf volant n’a rien voir avec des cerfs qui voleraient ? Que ce serait une déformation de "serpent volante" (1) ? Car les premiers qu’on a vu en Europe, venant de Chine, vers le XIIème siècle, faisaient penser à des serpents qui virevoltaient dans le ciel ! En outre il t’aiderait aussi pour comprendre les noms de lieu : pour les marins de Méditerranée, un “friéu” (2) est un passage entre deux rochers, deux îles, et c’est peut-être pour cela que les îles du Frioul à Marseille s’appellent ainsi.»

Et le Félibre me parla encore longtemps, longtemps, me disant beaucoup de choses intéressantes, et, alors que s’achevait mon rêve, il ajouta : «Et surtout, n’oublies jamais : qui tient la clef de sa langue, tient la clef de sa liberté !…»

1) serpent est féminin en Provençal
2) prononcer fri-ié-ou

Bernard Granier - Escolo Espencenco de Lengo Prouvençalo


Chronique de mars

Lou loup i porto di vilo

Quand ère pichouneto, en vacanço à Sant-Crespin - lou païs de moun grand - dins lis Àutis Aup, s’ausissié encaro d’istòri de gènt manja pèr lou loup que se trasmetien de generacioun en generacioun e que fasien pòu i pichot emai i grand. Mai auriéu jamai cresegu que la bèsti quàsi mitico vendrié enjusqu’i porto de nòsti vilo e vilage di Bouco-dóu-Rose. Qu n’a vist un dins li Calanco, qu à la Peno, qu n’a vist un esquicha sur l’autourouto dóu Plan-de-Campagno…

Lou loup es revengu dins li mountagno franceso despièi 1992 quouro es devengu espèci prouteiciounado. Es retra coume un animau inteligènt e aguènt uno grando capacita d’asatamen. Lis especialisto an l’èr de dire qu’es subre-tout un dangié ecounoumi pèr lis abalissèire de fedo vo de cabro mai que l’ome a rèn à cregne. Vai bèn, mai m’agradarié pas de me capita nas-à-nas em’un loup en barrulant dins la colo ! Parèis meme que dins lis annado à veni, sara pas raro de vèire de loup travessa de vilo e vilage, faudra s’abitua ! En esperant, lou loup a pas fini de faire parla, que siguen pèr o contre.

Valérie Payan (Escolo Espencenco de Lengo Prouvençalo)

Traduction

Le loup aux portes des villes

Quand j’étais toute petite, en vacances à Saint-Crépin – le pays de mon grand-père – dans les Hautes-Alpes, on entendait encore des histoires de gens mangés par le loup qui se transmettaient de génération en génération et qui faisaient peur aux petits mais aussi aux grands. Mais je n’aurais jamais cru que l’animal quasi mythique viendrait jusqu’aux portes de nos villes et villages des Bouches-du-Rhône. Qui en a vu un dans les Calanques, qui à la Penne-sur-Huveaune, qui en a vu un écrasé sur l’autoroute de Plan-de-Campagne…

Le loup est revenu dans les montagnes françaises depuis 1992 lorsqu’il est devenu espèce protégée. Il est décrit comme un animal intelligent et ayant une grande capacité d’adaptation. Les spécialistes ont l’air de dire qu’il représente surtout un danger économique pour les éleveurs de brebis ou de chèvres mais que l’homme n’a rien à craindre. Cela étant, ça ne me plairait pas de me retrouver nez-à-nez avec un loup en marchant dans la colline ! Il paraît même que dans les années à venir, il ne sera pas rare de voir des loups traverser les villes et villages, il faudra s’habituer ! En attendant, le loup n’a pas fini de faire parler, qu’on soit pour ou contre.

Valérie Payan (Escolo Espencenco de Lengo Prouvençalo)

 

Chronique mensuelle

Ces textes en langue provençale sont proposés par l’association pennoise Escolo Espenenco de Lengo Prouvencalo.
L'objectif de cette chronique est de faire ni passéisme ni folklore, mais de parler dans la langue locale -le provençal- de tous les sujets. Le provençal, seule langue régionale à avoir obtenu, sous sa forme littéraire, un prix Nobel, a aussi des particularités dialectales. C’est pour cette raison que les textes sont écrits tantôt en langue littéraire, tantôt dans le provençal parlé dans la région de Marseille et des Pennes-Mirabeau.

L'Escolo Espenenco de Lengo Prouvencalo
Renseignements : 04 91 09 08 74

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